La prochaine fois que vous ouvrirez le robinet, pensez un instant à quel point nous prenons acquis ce flux d’eau potable. Si vous lisez ceci dans un pays où les ressources sont abondantes, comme au Canada, l’eau qui s’écoule du robinet est propre et tout à fait sécuritaire à boire. Qui plus est, elle a été livrée directement à votre porte. Elle est stockée et transportée de manière sécuritaire, rentable et efficace, et nous mettons l’accent sur la conservation de notre eau précieuse pour les générations futures.
La Journée mondiale de l’eau, qui se tient le 22 mars, est l’occasion d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau sécuritaire et propre et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce.
L’accès à l’eau potable est considéré comme un droit humain fondamental. Cependant, la réalité mondiale ne reflète pas ce principe. Dans le monde, 780 millions de personnes n’ont pas accès à une source d’eau améliorée (OMS). Les nations en développement doivent souvent composer avec un manque d’infrastructures et de fonds pour garantir l’accès à de l’eau propre, sans parler de la détection et du traitement de l’eau contaminée. Dans nombreuses régions rurales, il n’y a pratiquement aucun système d’approvisionnement adéquat. Il n’y a pas de politique ou de plan pour assurer une fourniture efficace et durable de l’eau potable et de services d’assainissement.
L’accès à de l’eau propre est un déterminant clé de la santé publique. Les maladies liées à l’eau sont un facteur important du fardeau mondial de la maladie. L’amélioration de l’accès à l’eau potable pourrait réduire d’au moins 25 % l’incidence de la diarrhée et des maladies d’origine hydrique. Sécuriser l’accès à l’eau potable pour tous les citoyens représenterait un progrès colossal dans la lutte contre toutes sortes de maladies (UNU).
Grands Défis Canada s’attaque à ce défi urgent de l’accès à l’eau dans le monde. Nous avons créé le programme Les Étoiles en santé mondiale pour appuyer des Idées audacieuses ayant un grand impact provenant des plus brillants talents, tant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire qu’au Canada. À ce jour, Grands Défis Canada (dont le financement provient du gouvernement du Canada) a engagé plus de 43 millions $ dans le programme Les Étoiles en santé mondiale, représentant au total 385 projets. 18 innovations que nous avons appuyées portent sur l’accès à de l’eau propre, un volet essentiel des objectifs de Muskoka auxquels le gouvernement du Canada s’est engagé.
Tester l’eau pour prévenir la maladie
Chaque année, l’eau de mauvaise qualité provoque plus de 4 milliards de cas de diarrhée dans le monde. Cette maladie tue environ 2,2 millions de personnes par an, principalement des enfants de pays en développement. En fait, toutes les 21 secondes, un enfant meurt d’une maladie liée à l’eau comme la diarrhée (OMS).
L’Université de Waterloo travaille à mettre au point un système novateur de test sur bandelettes qui permet de dépister rapidement la présence de pathogènes diarrhéiques dans l’eau avant sa consommation, contribuant à prévenir la diarrhée à la source. C’est un dispositif peu coûteux qui sauvera des vies dans les pays qui n’ont pas d’infrastructure de santé publique adéquate. Les essais se déroulent en Chine.
Au Kenya, l’Université de Guelph et l’Université de Toronto travaillent conjointement à la mise au point d’un test rapide sur papier pour détecter la contamination à la Salmonella typhimurium dans l’eau potable. L’essai tire parti de la spécificité du phage protéines de queue de phage en spicule dans la détection des bactéries, en s’en servant pour séparer, concentrer et détecter la bactérie qui cause la fièvre typhoïde.
Traiter l’eau pour réduire l’incidence des maladies d’origine hydrique
La consommation d’eau infectée peut provoquer d’autres maladies microbiennes : l’eau transmet la maladie lorsqu’elle est contaminée par des microbes pathogènes et/ou des produits chimiques. Des bactéries, des virus et des parasites peuvent entrer dans l’eau potable de nombreuses façons. Il est essentiel de protéger les sources d’eau contre la pollution. Des tests adéquats peuvent détecter l’eau contaminée.
En Inde, de nombreuses sources d’eau ne font pas l’objet d’une surveillance adéquate parce que les tests sont centralisés, longs et laborieux; l’accès à l’eau potable reste problématique. La solution de Sabio est un test microbien rapide et sensible, utilisable sur place, pour s’assurer que l’eau est sécuritaire à boire en n’importe quel endroit.
Une équipe de l’Université du Nigeria travaille à mettre au point des gélules de purification de l’eau à faible coût faites avec un extrait de graines de Moringa oleifera. Ces gélules purifient l’eau contaminée, éliminent les germes et se fixent sur les toxines et matières organiques.
L’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah (Ghana) vise à désinfecter les eaux souterraines à l’aide de filtres en céramique imprégnés de particules de zéolite d’argent, un système qui montre une grande efficacité pour éliminer les bactéries.
Dans les pays émergents comme le Vietnam, les petits agriculteurs ont peu de connaissances en santé, ce qui engendre le risque que des déchets d’élevage entrent dans le système d’approvisionnement en eau, aggravant la propagation des maladies infectieuses. L’Université de Calgary vise à introduire une trousse de tests de dépistage peu coûteuse qui aidera les agriculteurs à réduire les risques de maladies d’origine animale.
Un autre projet, mis en œuvre dans deux pays (le Kenya et l’Inde) par Action internationale pour aider l’Afrique, vise à prévenir la diarrhée infectieuse dans les collectivités en mettant à l’essai une méthode peu coûteuse au point d’utilisation pour avoir de l’eau potable. Ajouter un bâtonnet de cuivre à un réservoir d’eau peut contribuer à neutraliser les pathogènes diarrhéiques présents dans l’eau.
Grands Défis Canada soutient également un projet mené par l’Institut National de la recherche médicale de Tanzanie. Celui-ci teste l’efficacité de l’emploi combiné d’un désinfectant pour l’eau fabriqué localement, le « Takasamaji » (Chlor-Floc), et d’un conteneur de stockage de l’eau potable en vue de réduire la fréquence des épisodes de diarrhée dans les régions rurales.
Arsenic dans l’eau potable
La présence d’arsenic dans l’eau potable constitue un danger pour la santé humaine partout dans le monde. Ce problème a notamment attiré l’attention depuis que l’on a constaté, dans les années 90, sa présence étendue dans l’eau des puits au Bangladesh, l’une des régions affichant la plus sérieuse contamination de l’eau à l’arsenic au monde. Plus de 35 millions de personnes dans ce pays boivent de l’eau de puits contaminée par des quantités toxiques d’arsenic, parce qu’il est difficile d’assurer la surveillance des puits. Cela rend les gens plus vulnérables au cancer, entre autres maladies.
L’Université Ryerson travaille à la mise au point d’un dispositif de laboratoire sur puce peu coûteux et d’usage simple pour tester avec précision la qualité de l’eau des puits.
PurifAid, une entreprise sociale, utilise un système de filtration innovateur pour décontaminer l’eau des puits empoisonnée à l’arsenic, en donnant à des entrepreneurs locaux des outils et des connaissances leur permettant d’aider leur communauté et d’offrir une solution durable à une crise de santé pernicieuse.
Pour les gens qui sont encore exposés à des concentrations élevées d’arsenic dans l’eau potable, l’Université de Calgary introduit des lentilles de la Saskatchewan dans l’alimentation quotidienne du peuple bangladeshi. Ces lentilles ont une concentration élevée de sélénium sous forme de micronutriments, lequel fait obstacle à l’arsenic et réduit l’empoisonnement connexe.
Le problème de l’élimination de l’arsenic dans l’eau potable est abordé au Pakistan par des innovateurs de l’Université d’agriculture de Faisalabad et de l’Université de l’Alberta. Les premiers utilisent des déchets solides provenant de l’agriculture et de l’industrie alimentaire comme sorbant peu coûteux, ce qui mènera à une technologie de filtration économique et écologique pour retirer l’arsenic de l’eau.
Le fardeau de la collecte de l’eau
Le stockage et la livraison de l’eau représentent un défi dans de nombreux pays pauvres en ressources, en particulier dans les régions rurales.La perte de productivité associée aux personnes qui doivent collecter l’eau est immense. Les femmes passent 200 millions d’heures par jour à collecter de l’eau (OMS), engendrant des problèmes de santé supplémentaires.
La roue hydraulique de Biosense Technologies réduit considérablement le temps, le fardeau physique et les problèmes de santé liés à la collecte de l’eau – lesquels touchent les femmes et les filles de façon disproportionnée. L’appareil novateur de transport de l’eau sera mis en application en Inde.
Le Ghana est aux prises avec des taux élevés de non fonctionnement des systèmes d’approvisionnement en eau dans les régions rurales, lesquels se répercutent sur la santé publique. L’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah (Ghana) s’affaire à mettre en place une technologie de téléphonie mobile pour améliorer la chaîne d’approvisionnement en pièces de rechange et s’occupera également des mettre en commun les ressources financières pour assurer l’entretien des équipements.
Text to Change Mobile est le fer de lance d’un projet innovateur en Ouganda qui vise à appliquer un outil librement accessible utilisant la technologie mobile existante pour améliorer radicalement la gestion globale de l’accès à l’eau dans les communautés mal desservies. Cela permettra aux gens de vivre une vie saine, aux enfants d’aller à l’école et aux citoyens de contribuer à leur propre richesse et à la prospérité mondiale.
Introduire le développement durable par l’innovation et l’éducation
Le projet d’agriculture aquatique durable pour les lacs de Grupo Cabal au Nicaragua et de l’Université du Costa Rica mettra à l’essai des technologies de culture de plantes aquatiques et de production horticulture et céréalière flottantes, contribuant à augmenter la production alimentaire sans dépenser d’eau douce au-delà de l’évaporation normale des lacs.
L’éducation et le savoir permettent aux personnes et aux sociétés de solutionner le problème de l’eau. Au Nigeria et en Zambie, Uniwater Education prépare un programme de maîtrise en sciences (M.Sc.) axé sur la prolifération des ressources en eau. Celui-ci sera offert aux universités établies en Afrique subsaharienne, d’éduquer et de former des africains à résoudre eux-mêmes leurs problèmes liés à l’eau.
L’eau et l’énergie
Cette année, l’un des thèmes de la Journée mondiale de l’eau est l’énergie. L’eau et l’énergie sont étroitement liées et interdépendantes. La production et la transmission d’énergie nécessite l’utilisation de ressources hydriques.
Un projet dirigé par l’Université de Calgary vise à fournir un système hydroélectrique à un village du Népal. Contrairement aux micro-systèmes hydroélectriques conventionnels qui régularisent la puissance en délestant de l’énergie, dans le cadre de ce projet la capacité excédentaire servira à alimenter un chauffe-eau dans chaque foyer.
De l’eau propre pour autonomiser les pays et libérer leur potentiel
Par le biais des nombreux projets appuyés par Grands Défis Canada, le gouvernement du Canada intervient pour que les gens aient un accès sécuritaire à de l’eau propre, qui est essentielle à la santé, au bien-être, à la productivité et à l’éradication de la pauvreté, particulièrement pour les femmes et les filles. Par son engagement continu envers l’Initiative de Muskoka et son appui à des solutions innovantes, le gouvernement du Canada fait preuve de leadership afin d’aider à sauver la vie de femmes, d’enfants et de nouveau-nés dans les pays en développement. Chaque dollar investi dans l’eau potable a non seulement un impact direct sur la santé mondiale, mais contribue à libérer le potentiel économique de ces pays, stimulant la croissance économique et l’emploi.
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