Le 8 mars est la Journée internationale de la femme. Nous célébrons les réalisations économiques, politiques et sociales des femmes, mais c’est l’occasion aussi de mieux faire connaître les nombreuses luttes des femmes dans le monde entier. La violence familiale (souvent synonyme de violence contre les femmes) est, malheureusement, un phénomène universel répandu, peu importe qu’un pays soit pauvre ou riche. La violence tue plus de 1,6 million de personnes chaque année. Le nombre de victimes de violence non mortelle n’est pas aussi facilement disponible à cause de la gêne, de l’intimidation ou de l’absence de déclarations. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, les victimes de violence familiale souffrent en silence, en raison de la disponibilité limitée des soins de santé, du manque de services de soutien social ou de la stigmatisation.
La violence affecte directement la santé des personnes, causant, entre autres, des problèmes de santé mentale, physique, sexuelle et reproductive. Ainsi, elle peut accroître la vulnérabilité au VIH et est considérée comme un facteur contribuant à la prévalence de maladies mentales courantes. Indirectement, la violence a un impact négatif sur les économies nationales et locales. Elle entrave le développement économique, aggrave l’inégalité économique, érode le capital humain et augmente les coûts d’application des lois.
La violence conjugale et la violence sexuelle contre les femmes sont des problèmes de santé publique majeurs et constituent des violations des droits humains des femmes. Des données de l’ONU indique qu’au moins une femme sur trois dans le monde a été battue, contrainte à avoir des rapports sexuels ou autrement maltraitée durant sa vie. Dans la majorité des cas, la violence contre les femmes provient d’un partenaire intime, comme le conjoint, le père ou le beau-père. Plus de 38 % des meurtres de femmes sont commis par un partenaire intime.
Le gouvernement du Canada a fait de la promotion des droits humains des femmes et des filles et de l’égalité des sexes des éléments intégraux de ses politiques intérieures et extérieures. C’est une cause que tous les Canadiens ont à cœur. Les Canadiens ont joué un rôle clé dans une cause juridique au Kenya, qui a été couronnée de succès et visait à garantir que le système de justice fasse enquête de façon convenable et dépose des poursuites dans les cas présumés de viol.
La violence contre les femmes et la violence familiale en général sont des problèmes de santé mondiale majeurs. C’est pourquoi Grands Défis Canada, dont le financement provient du gouvernement du Canada, invite les meilleurs et les plus brillants talents dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et au Canada, à appliquer une combinaison d’innovation scientifique, technique, sociale et commerciale pour s’attaquer à ce problème – ce que nous appelons l’Innovation intégrée. Nous appuyons des Idées audacieuses ayant un grand impact™ en santé mondiale provenant d’innovateurs de pays à revenu faible ou intermédiaire et du Canada.
À ce jour, grâce à ses programmes Les étoiles en santé mondiale, La santé mentale dans le monde et Sauver des cerveaux, Grands Défis Canada a engagé plus de 6,6 millions $ dans 12 innovations destinées à prévenir et traiter la violence, notamment la violence familiale, la violence urbaine, le viol et la violence contre les enfants, les femmes et les filles, ainsi que les personnes atteintes de maladie mentale.
Nous soutenons 12 projets innovants qui s’attaquent au grand défi de la violence familiale.
Le viol est une forme intolérable de violence et un facteur de risque important du VIH. Un de nos projets en Afrique du Sud vise à développer des dispositifs d’auto-entrevue simples et peu coûteux pour aider les collectivités à repérer et à aplanir les obstacles particuliers au signalement des viols dans le but de mettre un terme à l’impunité des violeurs et à la propagation du VIH.
Réduire le nombre d’infections au VIH est aussi le but visé par un projet au Kenya, appelé « Pas de papa-gâteau pour moi : une approche interactive à multiples facettes pour lutter contre les papa-gâteau et réduire le VIH chez les adolescentes. » Une application téléphonique didactique basée sur un jeu, dont une partie du contenu a été fournie par des écolières, permettra de sensibiliser les adolescentes aux risques que représentent les papas-gâteaux. Ces modules de formation traiteront des facteurs contextuels qui conduisent à des relations sexuelles transactionnelles et à une infection au VIH parmi les adolescentes dans l’Ouest du Kenya.
Des Idées audacieuses pour les filles (BIG) est le titre d’un autre projet au Kenya. Nos innovateurs sur place s’intéressent à la vulnérabilité au VIH, aux normes sexospécifiques néfastes, à l’accès aux services de santé et à la mauvaise préparation à la vie quotidienne des filles des bidonvilles de Mukuru à Nairobi.
En Zambie, les adolescentes font face à des contraintes sociales qui les rendent vulnérables à des grossesses précoces, au VIH et au décrochage scolaire. L’innovation que nous appuyons leur offrira une protection contre la violence et l’intimidation. Le projet porte sur la présentation et l’évaluation d’un cours innovateur visant à enseigner aux filles des techniques de négociation qui leur permettront de se bâtir un avenir plus sain.
L’exposition à la violence familiale et aux problèmes de santé mentale maternelle mère sont deux facteurs de risque pour le développement optimal de la petite enfance dans les pays aux ressources limitées. Notre projet au Viêt-Nam relie des communautés rurales à une équipe internationale multidisciplinaire dans le but de développer et de tester un programme psycho-éducatif peu coûteux, non stigmatisant, structuré et universel pour contrer les risques dès la conception.
En Éthiopie, il se pose un besoin critique de dépistage de la violence commise par le partenaire et des troubles mentaux courants, ainsi que de traitements sûrs, efficaces et abordables. Un projet novateur vise à élaborer et à offrir un programme de soins fondé sur des données probantes. L’initiative englobe le dépistage des troubles mentaux courants (TMC) chez les patients recevant de soins de santé primaires, leur traitement grâce à une psychothérapie interpersonnelle (PI) culturellement adaptée, jumelée à des antidépresseurs, en accordant une attention concomitante aux déterminants sociaux de la santé mentale, de la violence interpersonnelle et de la stigmatisation. L’équipe a réussi à nouer des relations avec huit guérisseurs traditionnels, dans des sites de guérison traditionnelle, afin de pouvoir offrir une combinaison efficace de services santé mentale traditionnels et modernes aux patients.
Au Kenya, la violence contre les femmes est un sérieux facteur de risque pour la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique et d’autres troubles mentaux courants, pour lesquels peu ou pas de soutien en santé mentale est fourni. Le projet permettra de tester l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) comme moyen pour les para-professionnels d’aider les femmes des milieux à faible revenu, en créant un modèle fortement requis pour des interventions pouvant être contextualisées et déployées parmi différentes populations touchées par la violence dans le monde, et en y associant des organismes gouvernementaux pour en assurer la durabilité.
La violence au foyer est une réalité pour de nombreux enfants haïtiens, engendrant des problèmes de développement et de comportement et des troubles émotifs. Malheureusement, Haïti n’a pas l’infrastructure nécessaire pour répondre aux besoins en santé mentale de ses habitants, de sorte que les Haïtiens doivent compter sur les réseaux de guérisseurs traditionnels pour résoudre leurs problèmes de santé mentale. Grands Défis Canada appuie un projet visant à créer un réseau de services et de prestateurs de soins communautaires haïtiens pour promouvoir la santé mentale, offrir des services psychosociaux et, en particulier, contrer la violence familiale, les abus et les problèmes de santé mentale qui peuvent en résulter.
Traiter avec les jeunes et s’attaquer à la violence urbaine est l’objectif principal d’un projet entrepris en Jamaïque. Ce pays a le troisième taux d’homicides le plus élevé dans le monde (53 pour 100 000). Nous finançons l’élaboration d’un programme de thérapie culturelle axé sur la participation communautaire (CECT) visant à stimuler la discussion en groupe de questions douloureuses en utilisant le théâtre, le chant et la danse pour aider à traduire et à exprimer les préoccupations. La collectivité sera guidée à travers la définition d’objectifs de développement social et financier. Ces objectifs comprennent la réduction des troubles de comportement chez les enfants et de la violence familiale et interpersonnelle chez les jeunes et les adultes, tout en stimulant l’emploi parmi les jeunes et en réduisant la pauvreté.
Réduire la violence, stimuler la cognition chez les adultes et améliorer la santé mentale sont les résultats attendus d’un projet en cours en Jamaïque. Comme dans plusieurs autres pays à revenu faible ou intermédiaire, les enfants jamaïcains n’atteignent pas leur potentiel de développement à cause de l’absence de possibilités d’apprentissage à la maison. Une trousse innovante de formation sur le Web, comprenant des programmes, des manuels et des vidéos de visites à domicile, sera offerte. L’intervention peut être réalisée par des travailleurs communautaires et a été mise en œuvre avec succès dans d’autres pays.
La pauvreté et le manque de débouchés perpétuent les excès et les abus. Le gouvernement du Canada, par l’entremise de Grands Défis Canada, contribue à alléger le fardeau de la violence familiale dans les pays peu dotés en ressources par des solutions innovantes et durables.
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